Eyes wide shut**

Titre original : Eyes Wide Shut • Pays : Etats-Unis
• Durée : 2 h 39 • Sortie : 15 septembre 1999
• Distributeur : Warner Bros. • Réalisateur : Stanley Kubrick
• Avec Tom Cruise, Nicole Kidman, Sydney Pollack, Marie
Richardson, Todd Field, Vinessa Shaw, Rade Sherbedgia,
Leelee Sobieski, Alan Cumming, Madison Eginton, Julienne
Davis, Sky Dumont, Thomas Gibson, Louise Taylor, Stewart
Thorndike, Fay MAsterson, Leon Vitali... • Scénario : Stanley
Kubrick, Frederic Raphael, d'après Arthur Schnitzler
• Producteur : Stanley Kubrick • Directeur de la photographie :
Larry Smith • Chefs décorateurs : Les Tomkins, Roy Walker
• Compositeur : Jocelyn Pook

William Harford (Tom Cruise) est un brillant médecin new-
yorkais, marié depuis neuf ans avec Alice (Nicole Kidman),
une galériste d'art au chômage, et tous deux sont les parents
d'une petite Helena (Madison Eginton), âgée de 7 ans. Un soir,
aux alentours de Noël, William et Alice sont invités à une
réception donnée par le richissime Victor Ziegler (Sydney
Pollack), dont Harford est le médecin traitant. En cours de
soirée, alors qu'Alice, ivre, se fait courtiser par un étrange
Hongrois, William est appelé à la rescousse par Ziegler dont la
jeune conquête de la soirée vient de faire une overdose. La
jeune femme se remet néanmoins, et William retrouve Alice
dans la salle de bal. De retour à leur appartement, Alice fait une
scène à William, l'accusant de s'être absenté un peu trop
longtemps durant la soirée. Sûr de sa bonne foi, William
s'explique. Mais, presque par défi, Alice lui révèle alors qu'elle
a longuement fantasmé sur un autre homme que lui, un officier
de marine entr'aperçu un an auparavant. Bouleversé par cette
confession, William sort dans la nuit new-yorkaise et, de
rencontre en rencontre, va peu à peu perdre ses repères...

C’est long et beau comme du Kubrick. On plonge dans l’histoire avec appréhension, en voyeur, tout comme les personnages. C’est par perversité que Kubrick a choisi un couple à la ville pour incarner son couple à l’écran. Il a pris un plaisir sadique à filmer Tom Cruise de haut pour souligner sa petite taille. Il filme avec volupté la descente aux enfers et les déchirements de la vedette, égratignant autant qu’il le peut l’image du héros dans laquelle se complaît Tom Cruise. Ceux qui prétendaient que n’importe quel Kübrick serait toujours bien meilleur que n’importe quel Tom Cruise doivent être bien embêtés ! « Eyes wide shut » restera comme le dernier opus du maître. Ce film passera donc pour le « testament » de Kubrick, son dernier message aux terriens. On ne peut pas dire qu’il nous renvoie une image très gaie de nous-mêmes : ses personnages évoluent dans une époque où l’argent et la puissance ne mènent qu’à l’ennui et où le plaisir ne peut naître que du fantasme et de la transgression des tabous. Si le film a une morale, c’est que l’époque est décadente et seule la routine permet d’y échapper. De la part de quelqu’un dont chaque film était une surprise et un choc, la leçon est amère. Reste un très beau film, qui inspirera de longs débats sur le couple, l’argent et la civilisation. Salut l’artiste et merci. François Herdé